Un cow-boy à Babylone
C’est donc en recevant une balle de base-ball dans la gueule le 20 juin 1933 que j’ai touché mon billet pour Babylone. N’importe comment, j’avais quelques heures à perdre avant d’aller au rendez-vous avec mon premier client depuis plus de trois mois ; alors après être monté à pied de la morgue à Portsmouth Square, à la lisière de Chinatown, je suis resté là, sur un banc, à regarder des Chinois traverser le parc dans tous les sens.
Ensuite, j’ai décidé de rêvasser un peu à Babylone. Tout allait bien : pistolet chargé, un peu de temps libre ; alors je suis parti pour Babylone.
Lors de mes dernières aventures à Babylone, j’avais monté une grosse agence de détectives privés. J’étais le privé le plus célèbre de Babylone. J’avais un bureau à côté des Jardins Suspendus. Il y avait trois détectives très doués qui travaillaient pour moi et ma secrétaire était d’une beauté renversante. Superbe nana : Nana-Dirat. Elle faisait maintenant partie de mes aventures à Babylone à titre permanent. C’était la comparse féminine idéale pour tout ce que j’avais à y faire.
Lorsque j’étais cow-boy à Babylone, l’institutrice qui se fait enlever par les méchants, c’était elle, et moi j’allais à son secours. On s’est presque mariés cette fois-là, mais il s’est passé quelque chose et, finalement, on n’a pas pu.
Pendant ma carrière militaire, lorsque j’étais général à Babylone, elle était infirmière : elle s’est occupée de moi jusqu’à ce que je sois remis des blessures atroces que j’avais reçues à la bataille. Elle m’a posé des compresses fraîches sur le visage tout le temps que j’ai été allongé à délirer dans mes souffrances pendant les longues et chaudes nuits de Babylone.
Je n’arrivais pas à me lasser de Nana-Dirat.
Elle m’attendait toujours à Babylone.
Elle, la femme aux longs cheveux noirs, au corps de liane, dont les seins me mettaient les sens en feu. Rendez-vous compte : je ne l’aurais jamais rencontrée si je n’avais pas pris une balle de base-ball dans la gueule.